Le choc émotionnel
Une jolie petite cambodgienne, que j'avais pris pour une mauricienne à cause de la couleur très caractéristique de sa peau, vient de me raccompagner dans ma chambre. Je la remercie, je lui dis combien elle est jolie. Le sourire dont elle me gratifie me fait penser à celui d'un bouddha.
L'interne responsable du service, arrive, suivie de sa suite habituelle d'étudiants. Elle fait l'historique de mes problèmes de santé et j'apprends en même temps que l'examen de la scintigraphie, auquel je me suis prêté il y a seulement deux heures, est normal. A chaque examen, elle espère tomber sur quelque chose d'important qui expliquerait enfin les douleurs. Par exemple une grosse tumeur émettrice de lances-flammes. Rien. Rien. Tout est désespérément normal. Elle ajoute aussi tranquillement que la crainte d'un cancer des os est ainsi définitivement écartée.
L'émotion me soulève la poitrine, gonfle mon visage et ma gorge, mouille mes yeux. Étrange, ce choc émotionnel provoqué par le soulagement. De quelle nature aurait-il été à l'annonce, précisément, d'un cancer irréversible ?